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Un satrape (du grec σατράπης satrápês, lui-même adapté de l'iranien xšaθrapā, du vieux perse xšaθrapāvan, signifiant « protecteur du pouvoir ») est le gouverneur d'une satrapie, c'est-à-dire une division administrative de l'Empire perse.
Prérogatives
Selon
Hérodote (III, 89),
Darius Ier « établit dans l'empire des Perses vingt gouvernements (
nomoi) qu'ils appellent eux-mêmes satrapies ». Cette organisation demeure la base du gouvernement territorial ultérieur. Cependant, le principe des satrapies est déjà connu sous
Cyrus le Grand et
Cambyse II, comme le montre l'inscription de Behistun. Selon le livre biblique de Daniel 6:1, Darius nomma jusqu'à 120 satrapes.
Le satrape a pour rôle principal de faire régner l'ordre dans sa province, et d'agrandir le territoire de l'Empire. En effet, selon la titulature achéménide, le Grand Roi est « roi de l'univers » et « roi des quatre directions ». Demander à un peuple « la terre et l'eau », signe de soumission, revient donc simplement à réclamer son dû. À la fin du VIe siècle, le satrape Oroitès se voit ainsi reprocher de n'avoir pas « su ajouter l'île de Samos aux domaines du roi » (Hérodote, III, 126).
Le territoire confié à un satrape peut être très important. Ainsi, quand Hérodote mentionne qu'Oroitès a été nommé « gouverneur de Sardes (Sardiôn hyparkhos) » (III, 120), il veut dire en fait l'ensemble de la Lydie et de l'Ionie, Oroitès résidant tantôt effectivement à Sardes, tantôt à Magnésie du Méandre. En 535, un dénommé Gubāru reçoit une satrapie comprenant la Babylonie et le Transeuphratène, c'est-à-dire un immense territoire allant du Tigre au Nil.
Pour contrôler leur territoire, les satrapes ont à leur disposition une armée permanente, composée à la fois de soldats levés dans la satrapie et de troupes perses apportées par les aristocrates à qui l'on avait concédé une terre dans la satrapie.
Certains satrapes finissent par s'émanciper, faisant de leur satrapie un véritable royaume. Mausole agit ainsi pour la Carie.
Parmi les satrapes célèbres, on peut citer :
Terminologie
Les textes grecs et babyloniens recourent peu au terme vieux-perse de « satrape ». Ils lui préfèrent ordinairement une traduction plus vague, comme « gouverneur » —
ὕπαρχος /
hyparkhos pour les Grecs ou pi
ḫātu pour les Perses. Dans l'inscription de Behistun,
Darius Ier réfère à Vivāna, satrape en
Arachosie et à Dadarši, satrape en
Bactriane, sous le terme
bandaka, qui met l'accent sur la relation personnelle entre le souverain et son dignitaire, et non sur le territoire.
Voir aussi
Sources
- Arrien, Anabase d'Alexandre ;
- Ctésias, Histoire de la Perse ;
- Hérodote,Enquête http://remacle.org/bloodwolf/historiens/herodote/index.htm lire en ligne (I, 192 ; III, 89 et suiv.) ;
- Pseudo-Aristote, Économique, (II, 1, 4) ;
- Xénophon, Anabase.
Bibliographie
- Pierre Briant, Histoire de l’Empire perse, de Cyrus à Alexandre, 1996.
Postérité
Le terme satrape a été repris par la suite par le Collège de 'Pataphysique.
Le mot satrape est maintenant utilisé pour désigner un homme exercant un pouvoir personnel fort